Madonna del Magnificat. Sandro Botticelli, 1482. Firenze, Gallería degli Uffizi.

 

 

 

 

Résumé

Cette étude est un essai de systématisation du paradigme du relatif à une époque caractérisée par le manque de fixation des signifiants, à travers les Milagros de Berceo. Nous sommes partie de deux aspects : à côté du recensement des formes en usage nous avons cherché à rétablir le lien entre signifiant et fonction, comme ce fut le cas du relatif, et des formes nominales en général, en latin. Il nous a paru important de comparer cette langue du XIIIe à son devenir actuel et à sa source, pour déterminer à quel stade elle se trouve entre : a) un relatif déclinable et donc présentant la correspondance entre forme et fonction ; b) des formes fixes établissant entre elles une relation de commutation soumise à des contraintes sémantiques ou contextuelles. On constate que quelques formes médiévales, disparues de nos jours, sont restées attachées à leurs étymons latins, mais sans véhiculer de rôle syntaxique (ex. qui anaphorique peut jouer toutes les fonctions, même s'il se fait accompagner de préposition en dehors du cas nominatif). Mais la caractéristique essentielle de ce système est, comme de nos jours, l'existence de formes en relation de distribution complémentaire ou conditionnée, indépendamment du taux de fréquence des formes, car certaines - comme quien - sont encore peu productives dans les Milagros. C'est pourquoi, concernant le relatif dans l'ouvrage, l'on peut parler de modernité de la langue.

Resumen

El presente estudio es un intento de sistematización del paradigma del relativo en una época caracterizada por la falta de fijeza de los significantes, a través de los Milagros de Berceo. Hemos partido de dos aspectos : junto al recuento de las formas en uso hemos querido restablecer el vínculo entre significante y función, como le ocurría al relativo latino y a las formas nominales en general. Hemos juzgado importante comparar esta lengua del siglo xiii con su devenir actual y con su fuente para determinar en qué estadio se encuentra entre a) un relativo declinable con correspondencia entre forma y función, b) unas formas fijas que guardan entre sí una relación de conmutación sometida a normas semánticas o contextuales. Constatamos que algunas formas medievales, desaparecidas hoy en día, han permanecido ligadas a sus étimos latinos, pero sin vehicular un rol sintáctico particular (ej. qui anafórico puede desempeñar todas las funciones, aunque vaya precedido de preposición fuera del caso nominativo). Pero la característica esencial de este sistema es, como en el actual, la existencia deformas en relación de distribución complementaria o condicionada, independientemente de su frecuencia, pues algunas -como quien - son todavía poco productivas en los Milagros. Por ello, en cuanto al relativo en la obra, podemos hablar de modernidad de la lengua.

 

 

    Il est curieux de voir comment l'évolution des pronoms relatifs depuis le latin s'est opérée avec beaucoup plus de lenteur que dans d'autres parties du discours : les catégories prédicatives (substantifs et adjectifs, écartons le verbe et ses conjugaisons) ont en peu de temps choisi leur forme - l'accusatif - puis ont laissé les lois de la phonétique évolutive exercer leur influence sur elles-mêmes. Les mots de liaison, eux (article, préposition, conjonction, ainsi que l'adverbe), se sont fixés petit à petit, mais cela fait déjà plusieurs siècles qu'ils ont choisi leur forme définitive.

Parmi ces mots de liaison, le relatif nous paraît historiquement peu sûr de lui-même, probablement en partie du fait de sa caractéristique de remplir des fonctions syntaxiques dans l'énoncé, propriété qu'il ne partage pas avec les autres morphèmes non pronominaux. De ce fait, c'est comme si dans sa carte génétique l'empreinte du paradigme casuel lui avait inculqué le souci de la prudence, qui s'est traduit pendant longtemps en hésitation.

Il y a des formes de relatif qui sont stables, dans leur comportement, depuis les débuts de la littérature castillane (lo que, quien...); autrement dit, on trouve des formes bien ancrées dans le système, con solera, de longue tradition historique, aussi bien du point de vue sémiotique que du point de vue de leurs possibilités fonctionnelles. D'autres ont sauté d'une case à l'autre dans le tableau des relatifs, ou leur construction syntaxique s'est modifiée, si bien que leur spécialisation est le résultat d'un processus historique ; ces autres ont existé à l'époque d'émergence de la langue écrite avec très peu de fixation1 (qual - cual, cuyo, pronom - adjectif). Enfin, d'autres ont carrément disparu (qui, el qui).

En rappelant l'organisation en six ou cinq cas du système du relatif dans les Milagros (si nous faisons abstraction du vocatif, qui n'est pas très exploité, et dont l'enjeu est mineur), nous avons voulu nous lancer dans un essai de systématisation du paradigme du relatif de l'encore jeune castillan du XIIIe siècle.

Pourquoi ressusciter un classement syntaxique - celui des cas - qui peut paraître anachronique ? Le pronom relatif a un rôle de mot de liaison ou de subordonnant, mais aussi (en laissant de côté ceux qui n'ont pas d'antécédent exprimé) de pronom, et ce parce qu'il remplace un nom auparavant exprimé. L'entité que représentait le nom avait un rôle syntaxique au sein de la proposition principale ; sa reprise dans la proposition adjectivale entraîne un nouveau rôle syntaxique qui peut ou non coïncider avec celui du nom de départ. Pour ce faire, dans les langues à cas, le relatif est décliné : sa variation formelle indique les rapports qu'il entretient avec les autres parties de l'énoncé, notamment avec le verbe.

Notre classement est un essai de rétablissement, en roman castillan, de la déclinaison latine disparue. Nous cherchons à trouver dans quelle mesure la logigue de son fonctionnement est proche du système latin, malgré le manque de fixation des signifiants qui caractérise cette époque de changement. Il nous paraît important de rappeler, ainsi, que le sémantisme de l'énoncé dont le relatif fait partie est absolument lié à sa fonction syntaxique.

Dans cette entreprise, plusieurs choix se posaient: confronter entre elles ces formes, les comparer à celles des origines ou à celles de nos jours. Mais pour que l'étude soit complète, une perspective morpho-diachronique doit être assortie d'une autre syntaxique, car déclinaison implique assignation de forme à fonction, et dans les langues néolatines ce manque entraîne une certaine confusion, moins pour les sujets parlants de chaque langue, que pour ceux qui, comme nous, tentent de décrire l'organisation du système du relatif en roman, dans la mesure où, à toute époque, plusieurs formes sont susceptibles de remplir une même fonction, elles sont plus souvent en distribution libre que complémentaire, car cette dernière est souvent neutralisée (voir El chico a quien conocí / El chico al que conocí / El chico que conocí pour COD). La seule forme représentante exclusive d'une fonction est cuyo, -a, -os, -as (génitif et CN) ; avec à l'opposé celle qui peut très souvent se conduire en allomorphe des autres : que. Donc, il s'agit là d'une approche morphosyntaxique du relatif du XIIIe siècle, à travers son expression dans la langue de Berceo, sans perdre de vue ni sa source ni son état actuel.

Remarquons que la distinction latine masculin/féminin et singulier/pluriel avait déjà commencé à s'estomper - sauf dans les cas de ce que nous avons appelé «relatifs articulés», et ce grâce à la forme ajoutée. C'est pour cela que nous avons, quand cela a été possible, appliqué la distinction entre antécédent humain et inanimé que les grammaires des langues romanes ont commencé à distinguer.

Il est important de souligner que toutes ces formes en [k-] ne se suffissent plus toujours à elles-mêmes pour représenter une fonction. Les mécanismes développés dans les langues néolatines en général, à la suite de la disparition des cas et pour combler ce manque - recours aux prépositions, ordre des mots -, sont aussi présents dans certaines formes de relatif. Ainsi, à côté des modifications phonétiques, deux nouveautés voient le jour : l'adjonction de l'article défini précédent, et qui fait partie du relatif, et l'apparition de la préposition. Si les deux éléments devaient concourir ensemble, l'ordre était et est encore, invariablement, préposition + article + [k-].

Nous n'avons pas oublié que certaines propositons relatives connaissent, déjà dans les Milagros, le mécanisme de la substantivation : c'est une remarque à faire lors d'une analyse syntaxique, et nous nous sommes posé la question, en analysant notamment les formes se faisant accompagner de préposition. Mais cela n'invalide pas la fonction syntaxique, et donc le cas propre du relatif au sein de sa proposition relative2. C'est pourquoi il faut dissocier la fonction de la relative substantivée, par rapport à la proposition principale dont elle dépend, de la fonction du relatif dans la relative. Il se trouve que lorsqu'il y a substantivation, il y a absence d'antécédent : ces relatifs ne rattachent pas la proposition qu'ils subordonnent à une unité comprise dans la proposition principale, et sont dénommés pronoms subordonnés indépendants par certains hispanistes français3 ; relativos de sustantivación o de antecedente envuelto par des linguistes espagnols ; ils s'insèreraient dans des relativas libres4. En revanche, quand une seule subordination s'opère, l'adjective, le relatif est toujours ana-phorique. La tradition grammaticale n'a pas séparé les deux, car la priorité n'a pas été donnée à la syntaxe, ce qui embrouille nos données. Ainsi, nous avons opté pour deux tableaux synoptiques : l'un recueillant les formes d'adjectif et pronom relatif, avec antécédant, l'autre qui isole les formes substantivantes et non anaphoriques.

Dans cette édition la distinction entre relatives explicatives, déterminatives et en apposition n'est pas marquée : on trouve les trois types, qu'il faut déceler par le contexte, car l'emploi des virgules s'avère ne pas obéir à la norme actuelle : explicative (E) : (v. 445b) « Epor santa María a la que nos rogamos »; déterminative (D) : (v. 139a) « Los omnes que avién la voz ante oída»; apposition (A) : (v. 371a-b) «Prisieron al judío, al falsso desleal, / al que a su fijuelo fiziera tan grand mal ». Il y a, donc, dans les Milagros, tout comme en castillan moderne, une forme el que soit sans antécédent, dans une relative substantivée, soit avec antécédent et en apposition, avec un sens déterminatif, mais encadrée par des virgules. Nous inclurons les formes qui apparaissent dans les relatives en apposition dans notre tableau des pronoms subordonnants indépendants, car ce type de construction équivaut à une relative substantive5.

Ce qui vient d'être dit justifie les paramètres de classement de notre corpus : tout d'abord les formes sont organisées selon une syntaxe casuelle, puis, à l'intérieur de ces cinq possibilités il y a une énumération des signes repérés, lesquels représentent tel ou tel cas indépendamment de la substantivation ; ceux-ci sont soit explicatifs, soit déterminatifs. D'ici sont issues les formes qui remplissent le tableau synoptyque des adjectifs et pronoms relatifs. Puis le classement en relatives substantivées nous fournissent les formes subordonnantes indépendantes, dont certaines sont également employées dans les relatives appositives.

 

Classement6

 

Nominatifs

 

Sans antécédent

qui, antécédent sous-entendu humain :

(v. 140a) qui tal cosa udiesse serié malventurado

(v. 569c) qui en esto dubdasse farié grant bavequía

(v. 704a) Bien creo que qui esti miráculo oyere...

(v. 906a-b) Nos en esto podemos entender e asmar / quánto val penitencia a qui la save guardar

el qui, antécédent sous-entendu humain :

(v. 742d) el qui lo perdonare sea descomulgado

el que, antécédent sous-entendu humain :

(v. 120b) Dizié él tantos gozos a la que lo parió

(v. 198a) ellos que la levavan non de buena manera, / violo Sanctïago, cuyo romeo era

(v. 376a) los que tuerto li tienen o que la desirvieron / d'ella mercet ganaron

(v. 623d) Tales e muy mayores de los que son contados

(v. 763d) Cambióse en Caín el que fuera Avel

(v. 858d) Valiendol la Gloriosa, la que aya buen grado

qual

(v. 94d) Dessent7 qual el que lo ») mereciesse recibrie tal onor

Antécédents exprimés

que

(v. 49c) Omne de sancta vida que trasco (« usó ») gran cordura

(v. 564a-b) Vio la abadessa las duennas mal judgadas, / que avién a seer de la casa echadas

qui sujet de personne, antécédent exprimé :

(v. 115a-b) Todo omne del mundo fará grand cortesía / qui fiziere servicio a la Virgo María (= « todo omne del mundo qui fiziere servicio a la Virgo María fará grand cortesía »)

qual, antécédent animé, relatif sujet :

(v. 335c) Buscáronli esposa qual a él convenié

que neutre :

(v. 209b-c) Fue la alma mesquina en el cuerpo tornada, / que pesó al diablo, a toda su mesnada

QUANTo(s) (que)

(v. 428a) quanta fonta fizieron en el nuestro Sennor

quanto(s) (que), sans antécédent :

(v. 17a) Todos quantos vevimos que en piedes andamos

(v. 18a) quanto aqui vivimos, en ageno moramos

(v. 120a) quantas fueron las plagas que el Fijo sufrio

(v. 618a) quantos que la udieron esta sancta razón

Neutre :

(v. 491d) No li celó (« ocultó ») un punto de quanto que pasara

 

 

 

Accusatifs

el que : sans antécédent

(v. 110a) el que vos soterrastes luenne («lejos») del cimiterio

(v. 73d) a los que la dessierven («hacen mal servicio») sábelos mal curar

(v. 376c) Nunca repoyó («rechazó) ella a los que la quisieron

(v. 494a-b) El otro omne bono non lo sabría nomnar / al que Sancta María lo mandó maestrar

(v. 692a-b) Paráronse delante al Ninno coronado, / el que tenié la Madre dulzement abrazado

 

el que, antécédents sous-entendus [-animés], en apposition :

(v. 59c) [un libro], el que él avié fecho de la virginitat

(v. 861c-d) Hasta vea la carta e cobre el dictado / la que fiz quando ovi al tu Fijo negado

 

essi que

(v. 643b) Que éssi que dizes, que nació de María, / que Dios es ; mas fo omne cuerdo e sin follía

 

Neutres lo que, esto / esso que :

(v. 22b) Esso era bien firme lo que ella laudava

(v. 148d) No li ovieran fecho esso que li fizieron

(v. 276b) Verdat es, non mentira, esto que yo vos digo

(v. 657b) lo que ante ti pusi bien lo querré complir;

(v. 848b-c) Bien lo querrá tu Fijo lo que tú bien quisieres; todo te lo  dará lo que tú bien pidieres

(v. 100d) Mas de lo que sopiéremos, seed nuestros pagados (« estemos todos seguros del hecho »)

(v. 160d) de lo que diz la regla [un monge] avié pocco cuidado

(v. 143b) Serié mal condempnarlo por lo que non sabemos

(v. 606b) Yo vos faré certeros en esso que dubdades,

quanto

(v. 264b) Regunzóli al Papa quanto que avie visto

(v. 641b) Darté quanto quisieres de mi aver prestado

que

(v. 25b) Son los santos miraclos que faz la Gloriosa

(v. 600c) Credién que eran almas que querié Dios levar

(v. 133a) Por ganar la Gloriosa que él mucho amava

 

qual = que

(v. 303b) Murió de fin qual dé Dios a tot cristiano

 

 

GÉNITIFS

el que

(v. 335a) Cambióse del propósito, del que ante tenié

 

de que, antécédent inanimé :

(v. 248b) Do nunqua veré cosa de que fuesse pagada

 

de qui, antécédent animé ou inanimé, masc. ou fém.:

(v. 35a) Ella es dicha fuent de qui todos bevemos,

(v. 35b) Ella nos dio el cevo de qui todos comemos;

(v. 252a) D'est varón don Estevan de qui fablamos tanto

(v. 521c) Sennora benedicta, de qui todo bien mana

 

cuyo

(v. 9d) [Nin tan claro vocero («cantante»)] cuyo canto valiesse con esto un dinero

(v. 75c-d) Que por Sancta Maria denno Dios demostrar / de cuya lege quiso con su bocca mamar

(v. 198b) Violo Sanctïago cuyo romeo era (au lieu de « del que era romeo »)

(v. 445c) [es esti tal miraclo] (e) por Sant Miguel en cuya voz andamos

 

 

Datifs

Sans antécédent

(v. 267b) a los que tuerto tovo («engañó») fízolos bien pagados8

(v. 659d) Lo que he regunzado al que tienes contigo.

 

Avec antécédent

(v. 110a-b) El que vos soterrastes luenne del cimiterio, / al que vos no quisiestes fazer nul ministerio

(v. 243a) Vio'/ Sancta Agnés a qui tollió el uerto

(v. 445b) E por Santa María a la que nos rogamos

(v. 787d) Fuera (« excepto ») Dios, a qual sólo non se encubre nada

 

 

Ablatifs

Sans antécédent

(v. 477d) con quien («el monge», v. 476a) volvistes guerra quiero que lo sepades

 

Avec antécédent

Préposition + article + que/qual antécédent humain ou inanimé :

(v. 35d) E [ella es] puerta por la qual entrada atendemos

(v. 265a-b) Demostrava el brazo que tenié livorado (« acardenalado »), / en el que San Laurent lo ovo apretado (« en el que había apretado San Lorenzo »)

(v. 909a-b) Quiéralo Jesu Christo e la Virgo gloriosa, / sin la qual non se faze ninguna cosa

 

Préposition + qui, antécédent humain ou inanimé :

(v. 143d) si ál fizo, perdóneli Christus en qui creemos

(v. 166a) Essi por qui tú ruegas, fincada tu rodiella

(v. 14a-b) Semeja esti prado egual de Paraíso, en qui Dios tanta gracia [...] miso

(v. 36c-d) Ella es palomba / de fiel bien esmerada, / en qui non cae ira, siempre está pagada

(v. 819a-b) Sennora, que eres puerta de paraíso, / en qui el Rey de Gloria tantas bondades miso

Préposition + que, antécédents inanimés :

(v. 502a) ennos tiempos derechos que corrié la verdat

(v. 514c) era su oratorio en que solié orar

(v. 548b) Que avié fecha cosa por que devié lazrar

(v. 662a) con las grandes façiendas que era façendado

(v. 697a-b) Siempre en essi día que cuntió esta cosa, / que fabló la imagen.

(v. 714b) Libros e vestimentas con que solién cantar

Préposition + que, antécédents humains :

(v. 351a-c) Bien devemos creer que la Madre Gloriosa, / porque fizo este omne tamanna cosa, / no lo oblidarié, como es pïadosa

Préposition + qual, antécédents inanimés :

(v. 194c) Fueron en fiera cuita en qual nunqua sovieron

Préposition + quien, antécédents inanimés :

(v. 208b) la alma sobre quien avedes la entencia

Com(o) + qui, complément prédicatif actuel (ou bien Como + omne + que):

(v. 210a, c) Levantóse el cuerpo que yazié trastornado / ... como qui descordado (« como desconcertado »)

(v. 210d) como omne que duerme e despierta irado («enojado»)

(v. 339d) como qui sannosamientre (con enojo, enfadada), díssoli tal razón

(v. 822d) díssoli fuertes bierbos com qui con fellonía («con locura, con furor, con enojo »)

Ablatif que sans préposition :

(v. 663a) Cerca vinié el día que avié a pagar

(v. 876a) Otro día mannana que cuntió esta cosa

 

Adverbes relatifs (avec antécédent)9

ond(e)

(v. 415c-d) Udieron unas vozes de grand tribulacion / Por ond fo perturbada toda la procession

(v. 452b-c) Fizo Sancta Maria grand piadat comigo / onde todos devemos prender ende castigo («ejemplo, consejo»)

(v. 619c-d) Methieronla [la fama desti fecho] en libros por diversos lugares / ond es oi bendicha de muchos paladares

do

(v. 81a-b-c) Corria un rio bono : cerca de la mongia / Auvialo de passar el monge todavia, / do se vinie él de complir su follia

(v. 129d) Levaronla al cielo do el bien nunca fina (« termina »)

(v. 297d) Pusome en logar do vivré sin peligro

(v. 303d) Fo pora paraiso do será siempre sano

(v. 317c) El logar perigloso, do suffren grand lazerio

(v. 597b) Issieron a terreno do mas cerca podieron

(v. 666d) Echólo en las ondas do non avie nul nado

(v. 735b) Levólo a la tienda do sedie el sennor

(v. 854c) Tornó a la eglesia, do vio la vision,

quando

(v. 79b) De noche, quando era hechado el prior

(v. 289d) Tan bien como al dia quando fo soterrado

(v. 356a-b) En el dia de Pascua domingo grand mannana / quando van Corpus Domini prender la yent cristiana


 

Tableaux synoptiques

 

Remarques sur le tableau

1.  Nous avons préféré ne pas discriminer le genre dans le tableau après avoir observé que les formes non précédées d'article - formes non articulées - sont employées aussi bien pour le masculin que pour le féminin. Il va de soi que les formes articulées rapportées uniquement au masculin ont été également relevées au féminin ; dans les rares cas où il n'en est pas ainsi, nous le signalons en faisant apparaître Id à côté de la forme au masculin : nous voulons dire par là que cette forme féminine ou plurielle avait toutes les chances d'exister, car une fois que l'article - ou le démonstratif, dont il est issu - fait irruption devant le relatif, il le fait sûrement devant toutes les variantes du relatif.

2.  À côté du relatif nous marquons du signe [±] la nature animée ou inanimée de l'antécédent.

3.  Lorsque le comptage a été possible matériellement, nous l'avons noté à côté de la forme : cela a été réalisable à l'ablatif.

A) Pronoms et adjectifs relatifs anaphoriques (avec antécédent, dans des relatives explicatives et déterminatives) :

 

Singulier Pluriel

Cas

Masculin Neutre Masculin Neutre

Nominatif

que [±]

qui [+]                         1

qual [+]                       1

quanto 1

que

que [±]

Id

 

Id

Accusatif

que [±]

qual [—]                      3

Id

Génitif

(de) que [—]                1

(de) qui [±]

cuyo [±]

Id

Datif

(a) el que [+]

(a) qui [+]                    1

(a) qual [+]                  1

(a) los que [+]

Ablatif

Prép + qui [±]

Prép + que [—]

Prép + que [+]             1

Prép + el qual [±]         3

Prép + el que [±]

Prép + qual [—]           1

Prép + quien [—]         1

como qui [+]

que

 

 

B) Formes substantivantes (sans antécédent, dans des relatives substantivées et en apposition, appelées aussi pronoms subordonnants indépendants):

 

Singulier Pluriel

Cas

Masculin

Neutre

Masculin

Neutre

Nominatif

qui [+]                     22

el que [±]                 25

el qui [+]                   1

qual [+]                     4

quanto que

 

los que [±]

ellos que [+]           1 quantos (que) [+] quanto [+]              1

Accusatif

(a) el que [±]

essi que [+]              2

Id

lo que                 20

esto que               1

esso que              3

quanto (que)

(a) los que [±] los quales [—] *           1

Génitif
Datif
[+]
Ablatif

(de) el que [-]*           1

(a) el que *

Prép + quien [±]        1

Prép + esso que   2

Id

(a) los que

*Apposition

 

 

COMMENTAIRES DU TABLEAU

 

     À propos des formes au nominatif:

Les formes de pronom relatif en fonction de sujet sont au nombre de trois : que, qui, qual. Seulement la première abonde, tandis que les deux autres sont rares. D'ailleurs, seule que a perduré par la suite.

La forme anaphorique et atone qual est recensée une seule fois : (v. 335c) « Buscáronli esposa qual a él convenié». Qual a dû préserver son contenu originaire de qualité se référant à des antécédents adjectifs (Es lozana cual una rosa), à des adverbes (Lo hizo tal cual se le dijo) ou à des syn-tagmes nominaux qui dénotent des classes ou des propriétés, plutôt que des individus. C'est pourquoi ce type de construction a été remplacé, dans la langue actuelle, non seulement par que, mais également par como : Buscáronle esposa que a él convenía, Buscáronle esposa como a él convenía seraient des propositions sémantiquement équivalentes10.

Également au singulier, qual est quatre fois un relatif indépendant sujet, dont trois sous la même formule, « Desend, qual mereciere »(« Ensuite, celui qui le mériterait... »). Il est à peine une fois employé en dehors de ces usages, comme variante de el que11.

Concernant qui, Alfonso Par12 atteste la disparition progressive de ce pronom relatif anaphorique sujet au profit de que dans la Péninsule ibérique au long du xine siècle13. La date la plus lointaine est 1215, à Tolède, et la plus récente est 1305, à Murcia14 . Concernant qui, Alfonso Par atteste la disparition progressive du pronom relatif anaphorique qui sujet au profit de que dans la péninsule ibérique au long du XIIIe siècle. La date la plus lointaine est 1215, à Tolède, et la plus récente est 1305, à Murcia. L'édition de Michael Gerli des Milagros affirme que Berceo commença à les écrire avant 1246 et travaillait dessus encore après 1252. La date de disparition de qui dans La Rioja Alta, d'où est originaire Berceo, est, d'après Par, 1228, et celle de Castilla del Norte (région à laquelle on peut relier Berceo, car il a effectué ses études à Palencia), 1237.

Nous relevons tout de même des emplois de qui dans les Milagros, mais en tant que formes substantivantes. Ils ne représentent pas exclusivement une fonction, et ils n'obéissent pas non plus à des valeurs sémantiques (nature animée ou inanimée de l'antécédent) similaires : cela illustre, une fois de plus, l'état de confusion et l'absence ou la coexistence des normes du castillan primitif.

Depuis que dans les Textos latinizados intégrant les Documentos lingüísticos de España, Reino de Castilla15  apparaissaient les pronoms relatifs sujets discriminant assez nettement le genre (qui pour antécédent masculin, que pour antécédent féminin), il y a eu des changements : dans les Textos castellanos, la forme que l'emporte pour antécédent masculin comme féminin, à quelques exceptions près16 , le seul cas qui chancelle est celui à antécédent masculin de personne. Au XIIIe siècle, affirme Par, qui avait complètement disparu, et son usage sporadique est considéré comme de la falsa erudición.

Dans les Milagros, la forme qui semble être très à l'aise au nominatif lorsque l'antécédent s'occulte : soit pour l'expression des contenus proverbiaux, soit - tout comme el que - pour s'inscrire dans le récit des événements en ne voulant pas expliciter l'antécédent mais sans se prétendre sentencieux. Cet emploi où l'antécédent est manquant a reçu l'appellation controversée de relativo de generalización (voir Gili Gaya, p. 303). Nous retrouvons le même usage en latin : (Qui bene amat, bene castigat.

En revanche on le voit à peine une fois esquissé en ayant un antécédent énoncé: dans (v. 115a) « Todo omne del mundo fará grand cortesía » (v. 115b) « Qui fiziere servicio a la Virgo María », l'antécédent todo omne del mundo semble plutôt renforcer l'idée de globalité que va signaler le qui subséquent. Un seul emploi de qui où son antécédent est réalisé phonologiquement converge vers l'idée que la tendance de Berceo était d'utiliser cette forme sans antécédent, d'autant plus que cet antécédent en l'occurrence est Todo omne del mundo, lequel pourrait être considéré comme une apposition de qui, voire comme le référent anonyme et réel que qui contient toujours. Et, en outre, cette même forme qui remplit commodément des fonctions autres que celle du nominatif: on le voit à l'ablatif, au datif et au génitif. Nous pouvons, par conséquent, convenir avec Alfonso Par que la forme qui en tant que sujet est en voie d'extinction dans les Milagros condition d'ajouter « avec antécédent exprimé ».

Quant à el que, il est aussi productif que qui au nominatif en tant que pronom subordonnant indépendant : el que présente l'avantage d'expliciter le genre et le nombre, mis à part le besoin éventuel de remplir le nombre de syllabes requis par le vers. Il y a, effectivement, des propositions avec el que au sein d'une suite avec qui, de telle sorte qu'on peut penser que le besoin métrique aurait été la seule cause du choix, dans cette suite entamée par qui : c'est le cas des vers 375a-b et 376a : « Qui servicio li faze es de buena ventura / qui'l fizo deservicio nació en ora dura »; « Los que tuerto li tienen o que la desirvieron...»

D'ailleurs, el que ou los que, face à qui sans antécédent, semblent bien s'inscrire dans un récit avec des acteurs en chair et en os, quoique tacites ; d'après notre corpus, l'expression de l'universalité de l'antécédent est réservée à qui, et de nos jours elle a été héritée par quien.

La forme el qui présente une seule occurrence : (v. 742d) « el qui lo perdonare sea descomulgado », à côté d'une vingtaine de qui et d'une autre d'el que au nominatif. De même, la seule occurrence ellos que laisse entendre qu'elle est utilisée pour remplir l'alexandrin. Cela montre que Berceo n'incluait pas ces deux formes articulées dans son répertoire et permet de restreindre les relatifs sujets à deux seules réalisations, sans oublier que des deux occurrences de quien l'une a lieu à l'ablatif.

Comme formes substantivantes quanto(s) et quanta(s), issues de l'adverbe d'intensité quantum17 passent intégrer le paradigme des pronoms relatifs en castillan médiéval. Elles esquissent déjà la capacité de précéder leur « conséquent», comme dans l'espagnol actuel18 et elles sont instables quant à l'adjonction de que. Le neutre quanto se fait suivre de que dans ses deux occurrences. 

Pour les pronoms relatifs indépendants, la séquence la plus employée à l'accusatif est (prépa) + article + que. Les sous-entendus antécédents sont aussi bien humains qu'inanimés.

La préposition est employée notamment quand le relatif, COD de la relative, s'insère dans une proposition relative substantivée elle-même COD ou COI de la proposition principale, car ces fonctions requièrent cette marque, qu'il y ait subordination ou qu'il n'y en ait pas. El que n'est pas précédé de la préposition a, comme de nos jours, dans trois cas de figure :

a)   il fait partie d'une proposition relative substantivée en fonction de sujet de la proposition principale: (v. 110a) « el que vos soterrastes luenne ("lejos") del cimiterio »; (v. 825c-d) « el que deneguesti e busquestipesar / non nos querrá oír nin a ti perdonar»;

b)  la P relative substantivée est un génitif de la proposition principale : (v. 159a) « Las mannas de la Madre con las d'el que parió...»:

c)   il s'agit d'une relative en apposition : (v. 601c) « Que almas eran d'éssos, los que sumió la mar»; (v. 692a) « Paráronse delante [al Ninno coronado] »: (v. 692b) « el que tenié la Madre dulzement abrazado ».

 

Les pronoms neutres sont au nombre de quatre : quanto, lo que, esto que, esso que. Les trois derniers, en distribution libre, dessinent déjà une relation d'opposition sémantique avec quanto, comme de nos jours, entre totalité, pour ce dernier, vs globalité pour lo/esto/esso que. Quanto n'a pas encore fixé sa forme définitive, puisque, comme au nominatif, il se fait suivre de que de façon variable.

Les formes neutres lo que, esto ou esso que, apparaissent toujours en tête de vers ou d'hémistiche, sans antécédent et donc en construction sub-stantivée. En tant que substantives, c'est le rôle de COD qui prédomine : celles formées de lo que sont, au nombre de quatorze, des COD de la proposition principale ; cinq fois des génitifs, une fois sujet et une fois CC.

Uniquement à quatre reprises lo que est concurrencée par « démonstratif + que » à l'accusatif: d'abord dans un vers qui suit un autre où apparaît lo que : (v. 148c-d) « Si ante lo sopiessen lo que después sopieron / no li ovieran fecho esso que li fizieron». Les substantivées qui les contiennent constituent deux fois des god de la proposition principale et deux autres des gg. On constate, donc, que lo que est largement préféré à esto/esso que, avec lesquels il rivalise, de même que essi que alternait avec el que au masculin. Ces allomorphes ne nous étonnent pas, étant donné que l'article est une recréation en roman du démonstratif latin ille19. Lapesa20 explique que pour cette corrélation « démonstratif + pronom relatif», où le premier, ayant perdu ses propriétés d'indicateur spatial ou temporel, n'a pour rôle que de signaler le second, le latin classique disposait de is, tandis que les autres démonstratifs possédaient des significations privatives de lieu. L'élimination progressive, en latin vulgaire, de is, suivie de celle de hic, fut le point de départ pour la transformation de tout le système des démonstratifs accompagnant un relatif: leurs valeurs spatiale et temporelle s'estompèrent, tout comme celle de is, mais dans tout le Centre et l'Occident de la Romanie on avait octroyé cette fonction indicatrice du relatif à l'article, dont la concurrence avec les démonstratifs ne fut pas intense et ne dépassa pas, comme le dit Lapesa, les limites chronologiques de l'époque médiévale.

Les seuls et nombreux cas de que dans les déterminatives, malgré la distribution entre antécédents humains (5) et inanimés (44) vient délimiter clairement les formes : (a) el que pour les indépendants, que pour les pronoms relatifs anaphoriques.

 

À côté de que, qual présente trois seules occurrences en construction déterminative. Ne pouvant pas concurrencer que, il est voué à disparaître non seulement à l'accusatif, où il est recensé trois fois21, mais également de la case du nominatif.

 

Au génitif, nous comptons plus de formes de pronoms et adjectifs relatifs anaphoriques que de formes substantivantes. de qui et de que semblent, à première vue, se spécialiser quant à la nature de l'antécédent : si de qui peut apparaître dans des propositions explicatives ou déterminatives, antécédents humains et inanimés confondus, la seule séquence avec de que comporte un antécédent inanimé. Il arrive de même à l'ablatif, mais il serait étonnant qu'une même forme tienne compte de ces paramètres-là seulement en certains cas de la flexion.

Cuyo est employé six fois, dont cinq en tant qu'adjectif relatif et possessif22. Déjà dans le latin tardif, le pronom gujus était considéré comme adjectif et apparaissaît comme tel même dans les ouvrages de Cicéron, Virgile et Plinius, bien que son usage fût taxé par certains de «rustique»23. Comme de nos jours, il présente déjà la flexion de genre et de nombre, sans s'accorder avec l'antécédent - qui désigne le possesseur -mais avec le noyau de son SN, qui représente l'entité possédée. Dans ces exemples, cuyo s'accorde avec les substantifs qu'il détermine, grâce à la règle générale d'accord entre le déterminant et le noyau du SN où il s'insère, mais il fait allusion à ses antécédents. Syntaxiquement, les syntagmes avec cuyo remplissent la fonction de complément des noms antécédents, et entre cuyo et ses antécédents il y a une relation d'appartenance.

Il est une sixième occurrence de cuyo, (v. 198b) « Violo Sanctïago cuyo romeo era », dont la construction n'est plus en usage depuis à peu près le début du xxe24 presque un siècle — : il n'est pas là un adjectif relatif, mais un pronom à part entière : romeo n'est pas le substantif déterminé par un cuyo adjectif, mais l'attribut ou le sujet de ser. Cet emploi pronominal est encore inventorié en 1959 par la RAE, mais comme forme non anaphorique, p. 330, § 373 :

Lo mismo que quien, puede cuyo llevar implícito su antecedente [...]: Esclavo soy, pero cúyo, / Eso no lo diré yo ; / Pues cuyo soy me mandó / No dijese que era suyo (Antonio de Villegas, inventario), que equivale a decir: soy esclavo, pero no diré de quién, porque la persona de quien lo soy me lo ha prohibido25.

La glose de cette construction révèle que sa syntaxe a déjà commencé à être inaccessible au sujet parlant de cette seconde moitié du XXe siècle.

Du point de vue de la structure syntaxique, le subordonnant indépendant del que apparaît dans les constructions en apposition : (v. 335a) « Cambióse del propósito, del que [del propósito que] ante tenié». Comme dans la langue actuelle, la proposition relative n'est pas explicative, malgré les virgules, mais déterminative : elle équivaudrait sémantiquement à Cambióse del propósito que ante tenié.

Comme au nominatif, on trouve au datif surtout el que et rarement qui et qual en tant que pronoms subordonnants indépendants, et c'est la préposition a qui est l'indice de cette fonction. Voici une case assez homogène de formes : puisque a qui et a qual sont très peu opérantes (une occurrence de chaque) à côté de al que, c'est donc cette dernière qui est représentative des deux tableaux, celui des formes substantivantes et celui des pronoms relatifs anaphoriques.

À l'ablatif, sont vraiment peu fréquents, dans les Milagros, les relatifs «articulés», hormis el qual. Absent du tableau des relatifs latins, qualis, adjectif qui interrogeait sur la qualité («de quelle sorte ?», «de quelle façon ? ») perd sa notion de qualité, engendre l'interrogatif quál et vient se joindre à l'ensemble des relatifs dans les langues romanes en général. L'adjonction puis fusion de el avec qual se fait petit à petit : Alvar-Pottier (op. cit., § 107. 1) expliquent que dans ses origines, le castillan n'acceptait pas l'article antéposé à qual et qu'il était équivalent de el que. Des ouvrages contemporains des Milagros méconnaissent cette soudure, tels le Cantar de mio Cid26 ; en revanche el qual est employé par Alfonso X et dans le Fuero juzgo. Lapesa27 énumère deux conséquences qui se dégagent de cette union : il ne peut être utilisé sans antécédent exprimé et il n'y a jamais eu d'interposition de préposition entre l'article et qual, comme cela a été le cas entre el et que28. Dans les Milagros, qual comme interrogatif ne se fait jamais accompagner de l'article ; en tant que relatif, il apparaît à tous les cas, sauf au génitif, avec ou sans antécédent : au nominatif qual n'a pas d'article antéposé ; à l'accusatif une seule fois il est articulé29, face à trois emplois anaphoriques où l'auteur préfère la forme simple, de même que dans la seule occurrence au datif. C'est à l'ablatif, précédé de prépositions monosyllabiques, que ledit relatif se lance dans la conquête de l'encore timide article, à raison de trois emplois sur quatre30. Cela qui indique que dans la langue de Berceo el et qual n'étaient qu'en phase de fusion. D'ailleurs, l'exemple du nominatif, (v. 335c) «Buscáronli esposa qual a él convenié», se présente comme atone, usage qui n'a pas perduré. En revanche el qual perdure à l'ablatif, depuis cette époque, précédé des prépositions con, sin, por31.

Nous avons dénombré dix-sept usages de qui et dix-sept de que ; dans les occurrences avec qui la nature de l'antécédent ne semble pas entrer en considération : on trouve indistinctement un antécédent animé et inanimé ; en revanche toutes les formes en que - à une exception près -comportent des antécédents inanimés. Cela arrive de façon semblable au génitif. Ces deux formes sont aussi les plus fréquentes au nominatif; en revanche, l'autre forme également fréquente au nominatif, el que, est peu choisie à l'ablatif. Il est intéressant d'observer que jusqu'au XIXe siècle c'est cette norme qui se perpétue, à savoir la suite préposition + relatif non articulé, notamment que32.

En outre, nous avons remarqué que la plupart des antécédents font partie d'un syntagme déterminé : (v. 694c) « el cesto en que vino el aver bien contado » ; certains n'ont aucun déterminant : (v. 35d) « E [ella es] puerta por la qual entrada atendemos», et seulement un cas présente un antécédent indéterminé (v. 19b) « [un buen prado] en qui trova repaire tot romeo cansado ». De nos jours, lorsque l'antécédent est contenu dans un syn-tagme indéterminé, il est nécessaire de marquer le caractère déterminé de la reprise anaphorique effectuée par le relatif (Es un libro en el que hay muchas citas, et non pas *Es un libro en que hay muchas citas); dans les Milagros il n'en est rien, les différentes formes à la disposition de l'auteur, qui, que, el qual, semblent être prises au hasard ; d'ailleurs on peut conclure que seule cette dernière est réellement porteuse de la réminiscence anaphorique, car un seul cas de el que précédé de préposition est observé, il est peut-être pris pour satisfaire les besoins de la rime, et par assimilation avec les 4 autres cas : (v. 265b) : « En el que San Laurent lo ovo apretado ».

Il peut arriver que la forme que soit à la place du neutre lo que ; cet emploi, d'après Lapesa33, se répand avec insistance et longuement dans le temps, il cite le Mio Cid, la Prim. crón. gen., la Celestina, Hernán Cortés, Pérez de Hita, il apparaît à toutes les fonctions. Dans les Milagros, nous l'avons repéré à l'ablatif. Cet usage a perduré jusqu'à nos jours34.

 

Enfin, nous trouvons un qui - ou l'expression omne que - précédé de como, suivi d'un adjectif ou un adverbe en -mientre, en donnant naissance à une locution qui exprime la manière, ou bien il équivaudrait au dénommé complément prédicatif actuel35. Le schéma des 5 occurrences est le suivant : como qui + adjectif, como qui + adverbe, como omne que +verbe, como qui +verbe, com qui + ggm.

 

Les adverbes relatifs do/onde, quando, como

Do et onde36 apparaissent en construction subordonnée adverbiale, c'est-à-dire sans antécédent ou ayant un adverbe pour antécédent37. Les constructions qui nous intéressent sont celles où ils sont en construction relative, recensées dans le corpus : onde et do y ont pour antécédent des substantifs ou des propositions : (v. 415c-d) « Udieron unas vozes de grand tribulacion / por ond fo perturbada toda la procession »; (v. 452b-c) «Fizo Sancta Maria grand piadat comigo / onde todos devemos prender ende castigo ». La langue actuelle ne dispose pas de ce dernier usage où onde n'a pas de contenu locatif, mais plutôt notionnel.

Do et onde relatifs peuvent être rapprochés de en/a que/qui, du fait de leur équivalence sémantique : ils produisent tous des circonstants. Mais dans cet ouvrage poétique l'équivalence prosodique ne se fait qu'entre en/a que/qui et onde : du point de vue de la fréquence, onde est autant employé comme adverbe que comme relatif, et il est peu utilisé dans l'ensemble : trois fois onde (relatif) face à neuf fois en/a qui, huit en que. En outre, do à lui-seul apparaît dix-huit fois. On peut conclure qu'entre les deux formes d'adverbes relatifs présentes dans Berceo par rapport aux trois existentes dans cette période, do est largement préférée ; peut-être la raison est-elle l'écriture poétique de l'ouvrage (voir Corominas : « do, sucedáneo de o, sobrevive todavía en el estilo poético »).

(Quando est également tantôt en construction adverbiale38, tantôt en construction relative : (v. 79b) « De noche, quando era hechado el prior »; (289d) « Tan bien como al dia quando fo soterrado »; (v. 356a-b) « En el dia de Pascua domingo grand mannana, / quando van Corpus Domini prender layent cristiana ». La construction sans antécédent est beaucoup plus fréquente.

CoMo39, peu fréquent dans la langue contemporaine en construction relative, où l'antécédent presque exclusif est manera, il est absent des Milagros dans ce type d'emploi.

 

 

Conclusion

 

Nostalgie de la déclinaison

      Ce qui nous troublait au départ c'était qu'une catégorie, celle du relatif, n'ait pas spécialisé chacune des formes intégrant son paradigme en telle ou telle fonction syntaxique, comme ce fut le cas dans la langue d'origine. D'où la quantité de critères que les grammairiens ont eu besoin d'établir (morphologiques, fonctionnels, sémantiques). Ces descriptions, les plus anciennes comme les plus récentes, donnent l'impression d'être fondées sur une série de possibilités permissives et d'impossibilités restrictives à propos de toutes les formes qui sont brassées. Notre propre corpus, qui se voulait éminemment morphosyntaxique, a éprouvé le besoin d'ajouter, dans une recherche de clarté, de nouvelles indications, syntaxiques de préférence, mais aussi sémantiques, au fur et à mesure de notre étude, surtout et encore à cause de l'existence de plusieurs formes en distribution libre, parfois à usage régulier, parfois isolé. Ainsi, avec signes et contextes syntaxiques (substantivation, apposition) ou nuances sémantiques (explicatives et déterminatives) la clarté était au rendez-vous, face à cette multiplicité de formes venant accomplir des fonctions semblables, mais parallèlement que nous constations l'instabilité régnante ou, autrement dit, l'abondance de variantes combinatoires chez un même auteur, Berceo.


 

Modernité du système du relatif au XIIIe siècle

     Le tableau du système du relatif des Milagros, et donc du XIIIe siècle, présente davantage de ressemblances que de dissemblances avec le système contemporain si l'on tient compte du nombre de formes par cas, autrement dit, du nombre de formes susceptibles de remplir l'une des fonctions établies par le système. De façon générale, la plupart des formes de chaque case sont restées par la suite, sans oublier que le jocker que l'était déjà à cette époque. Les différences avec les formes d'aujourd'hui sont de deux sortes :

-    soit il y a des formes qui ont disparu et ont été remplacées par d'autres déjà existantes (qui substantivant au nominatif a cessé d'exister et a été substituée par quien40; les séquences «prép + qui » aux cas génitif, datif et ablatif l'ont été par « prép + (el) que » ;

-    soit elles sont d'ordre syntaxique, ainsi cuyo au génitif a été capable de fonctionner comme pronom et adjectif relatif, jusqu'au XIXe siècle, pour perdre ensuite sa propriété de pronom : il ne lui reste que ses fonctions en tant qu'adjectif relatif. La forme perdue a été supplantée par de quien ou de que.

À la lumière de ces constats, on a le sentiment que quien, assez peu productif au xiiie siècle, était endormi en attendant que la langue le réclame pour suppléer des formes soit disparues, soit appauvries parce que trop productives. En effet, quien n'apparaît que trois fois dans l'ouvrage tandis que qui le fait plus d'une vingtaine et ce à tous les cas sauf à l'accusatif. Cela dit, cette forme ne porte pas seule aujourd'hui le poids de l'évolution : elle est en distribution complémentaire avec que et el que à condition d'avoir pour antécédent un être [+ humain], autrement elle côtoie ses variantes conditionnées (El chico a quien encontre en Sevilla, El chico al que encontre en Sevilla, El chico que encontre en Sevilla)

Parmi les pronoms indépendants, el que est, dans les Milagros, le plus exploité, dans la mesure où on le voit apparaître aux quatre premiers cas de la « déclinaison ». Quien est encore rare : Berceo reste attaché à la forme latinisante qui ou à la vulgarisée el que.

La forme qui conserve, du latin, l'expression de l'universalité de l'antécédent tacite, usage qui a été hérité de nos jours par quien. Par ailleurs, nous pouvons affirmer que qui et el que sont au nominatif en distribution libre. De même, quien est un pronom relatif anaphorique en herbe : dans le tableau correspondant il n'apparaît qu'une fois et à l'ablatif, tandis que par la suite et au-delà de l'époque classique il a intégré toutes les cases, en présentant des restrictions de sens uniquement au nominatif, où il devait être en construction explicative41 ; seulement au xixe et au xxe siècles quien a tendu à réduire son extension aux antécédents comportant le sème [+ humain]42.

Il est curieux que la forme articulée lo que n'ait été prise qu'à l'accusatif, alors que cette forme s'est répandue à toutes les autres fonctions, sauf peut-être au datif (vu l'exigence de la réalité extralinguistique — destinataire humain à laquelle il est soumis).

Les quelques formes qui devaient circuler à l'époque et qui côtoient une seule fois les plus ancrées dans la langue de Berceo montrent une tendance chez l'auteur à la simplification, voire à une certaine fixation de ces multiples signifiants. En effet, le substantivant el qui est volontiers supplanté par qui ou el que. De même, ellos que, par los que, ou encore les anaphoriques qui et qual, qui se seraient introduits au nominatif et au datif43, sont très peu récurrents ; qual, répertorié trois fois à l'accusatif, laisse largement la place à que. Or, les nombreuses occurrences de l'anaphorique el qual, face à un seul qual à l'ablatif disent que Berceo est en train de contribuer à entériner la fusion de el + qual.

 

 

Les anaphoriques

     La question «la distribution [+ humain] vs [— animé], est productive». Elle marque un semblant de frontière au génitif et à l'ablatif, où que se réfère à un être inanimé et qui à un antécédent humain.

Que reste-t-il de la déclinaison latine ? Y a-t-il des formes spécifiques pour un cas ? On ne voit plus que l'archaïsme morphologique44 cuyo au génitif, proche de sa source du fait qu'il continue de se conduire en tant que pronom, dans un vers comme (v. 198b) « Violo Sanctïago cuyo romeo era » («Santiago, de qui il était pèlerin, le vit») et en tant qu'adjectif déterminatif: (v. 9d) « [Non serié... tan claro vocero] cuyo canto valiesse con esto un dinero »(«Ce ne serait pas un aussi clair chanteur dont le chant vaudrait, avec ceci, de l'argent»). Cet héritage double45 perdurera, dans la pratique, jusqu'au début du xxe siècle, tandis que, déjà au milieu du xixe, l'emploi pronominal, aussi bien du relatif que de l'interrogatif, commence à être condamné par le grammairien Bello46. D'un autre côté, cette forme a enrichi sa flexion en tant qu'adjectif relatif par rapport au latin, où il était invariable en genre et en nombre, tandis que le castillan ajoute ces deux morphèmes en le faisant s'accorder avec le substantif déterminé : cuius pueblae, cuyos pueblos.

Puis on voit un que, pronom anaphorique déjà très productif à tous les cas, même si son étymon est accusatif féminin. Cette forme ne rivalise avec aucune autre anaphorique à l'accusatif, et ce n'est sûrement pas un hasard. En revanche, elle s'entoure de variantes combinatoires multiples notamment à l'ablatif (qui, (el) qual, el que, une fois quien); aux autres cas il s'est pratiquement débarrassé de ses concurrents (qui, qual, en voie d'extinction). Seulement dans deux cas de la flexion — génitif et ablatif — il a l'air de se spécialiser en faisant un choix sémantique inanimé pour son antécédent, en face du qui, personnel. C'est comme si ce que anaphorique voulait, parfois, se décharger, sans trop de conviction, de tout ce poids qu'il a choisi de supporter. Enfin, c'est de la case du datif qu'il est absent.

Bref, ce sont l'amovibilité fonctionnelle et virtuelle des formes amenées à rester dans le nouveau système des relatifs, d'une part, et l'adjonction de deux formes provenant d'autres paradigmes, qual et quantos, d'une autre, qui témoignent de la modernité de cette langue néo-latine en développement, dont le stade est plus intéressant qu'à des époques ultérieures — où les traces latinisantes sont plus ténues — parce qu'il nous paraît être à la charnière entre sa source et le moment depuis lequel nous le regardons.

 

 

 

MADONNA DEL MAGNIFICAT

SANDRO BOTTICELLI

Florencia. 1482

Galería de los Uffizi

 

 

 

 

Madonna del Magnificat. Sandro Botticelli, 1482. Firenze, Gallería degli Uffizi.

 

 


 

 

NOTAS

1. Rafael LAPESA affirme : « el español primitivo carece de fijeza. Coinciden en el habla formas que representan diversos estados de evolución » [Historia de la lengua española (1re édition 1942), 7e édition, Madrid: Escelicer, 1968, p. 116). Son développement présente des termes tels que « elección, vacilación, lucha de consonantes, coexistencia de normas, anarquía, oscilaciones, inseguridad del lenguaje... »

2.  Ainsi, dans une séquence complexe comme (v. 143b) « Serié mal condempnarlo por lo que non sabemos », la préposition qui introduit la relative peut induire à considérer le relatif comme un ablatif. Or, lo que est le COD du verbe de la relative, sabemos, et por est exigé par la proposition principale : cette préposition entame un syntagme prépositionnel formé d'une relative substantivée en fonction de CC de cause de Serié mal condempnarlo.

3.  Cécilia HARE, Problèmes de syntaxe espagnole, Paris : L'Harmattan, 2001, p. 89 sq.

4.  José Alvaro PORTO DAPENA, Oraciones de relativo, Madrid : Arco Libros (Cuadernos de lengua española), 1997, p. 41 sq.

5. José María BRUCART fournit cet exemple contemporain : « Los asistentes, los que querían participar...» La estructura del sintagma nominal : las oraciones de relativo », in : I. BOSQUE et V. DEMONTE (dir.), Gramática descriptiva de la lengua española, Madrid : Espasa, 1999, p. 497). Nous convenons, avec lui, ainsi qu'avec d'autres, tels que J. A. PORTO DAPENA (op. cit., p. 45­47), qu'il ne s'agit pas d'une relative explicative, mais d'un syntagme nominal en apposition contenant, du point de vue du sens, une relative déterminative. Seulement dans les relatives dites oblicuas (avec préposition) el que peut être explicatif Los asistentes, en cuyo honor se celebró un banquete / a los que todo el mundo felicitó»). Dans les Milagros, les relatives en apposition (v. 651a-b) : « Díssoli al judío que era mayoral, / al que li prometió que'l prestarié cabdal »; v. 707c-d: « Llegaron en Çohinos, guïolos el Peccado, / el que guió a Judas fazer el mal mercado »), comme dans la langue d'aujourd'hui, elles ont, grâce aux virgules, l'allure des explicatives, mais ont, cependant un but identificateur, si bien que sémantiquement ces vers-là équivalent à « Díssoli al judío, al que li prometió que'l prestarié cabdal, que era mayoral et Guïolos el Peccado que guió a Judas fazer el mal mercado ». Si du point de vue du sens, les relatives en apposition sont déterminatives, parce que sélectives, en revanche, les formes de relatif employées sont homonymes de celles employées dans les explicatives et les substantivées : el que (que articulé), qui est exclu des déterminatives : *El niño el que está en el jardín. Porto Dapena considère, dans ces cas-là, que « la oración subordinada está sustantivada — nótese que el artículo afecta a toda la oración y, por tanto se trata de un el que de sustantivación —, equivaliendo a un verdadero sustantivo apuesto al antecedente » (op. cit., p. 46).

6.  Échantillon de chaque cas de figure représentatif.

7.  « Después », d'après d'édition de Solalinde ; « de allí », d'après celle de Gerli.

8.  Attention : une construction à 3 actants (sujet, COD, COI) en castillan médiéval, où le relatif est le troisième, COI. De nos jours il n'y en aurait plus que deux, et le complément serait non pas COI mais COD.

9.  Exemples tirés de l'édition de Solalinde, A. G.

10.   Qual apparaît aussi en corrélation avec tan, avec un sens consécutif et pour déterminer également un adjectif: (v. 113a-b) « Trobaronli la lengua tan fresca e tan sana / qual pareze de dentro la fermosa manzana ».

11.   (v. 94d) « Dessent («después») qual («el que lo») mereciesse recibrie tal onor»; (v. 208d) « Desend  qual mereciere, avrá tal audiencia »; (v. 257d) « Desend, qual mereciere, recibirá tal onor»; (v. 902a-b) « Clérigo, tu fezieste tan mal, / o qual todos te fazen, otorgaste por tal ».

12 « Qui y que en la península ibérica», Revista de filología española (RFE), 1926, p. 341-349.

13 Une opposition, pas très systématisée, semblait exister entre qui pour antécédent masculin et que pour antécédent féminin : « ...En los documentos más antiguos catalanes y castellanos [...] se nota la preponderancia manifiesta de qui para el masculino de persona y de que para el femenino de cosa, siendo dudosos qui para personas femeninas y que para personas masculinas » (p. 338).

14 Ce serait l'influence catalane ou aragonaise qui aurait fait perdurer la forme qui dans les régions de Rioja Alta et Murcia, car cette forme disparaît en Andalousie, région limitrophe, dès 1215 (Alfonso PAR, op. cit., p. 347-348). ALVAR-POTTIER diffèrent de Par quant aux dates des derniers vestiges de qui au nominatif, avec antécédent masculin, dans la péninsule : pour eux « la geografay la cronología van concordes en la conservación de lapareja opositiva [qui~que] : las regiones más septentrionales (Campoo, Castilla del Norte, la Montaña, Burgos, Rioja Alta) son más conservadoras (qui llega a 1237), tras ellas Valladolidy Cerrato (1223), después Segovia, Ávila, Cuenca, Osma (1221)y Toledo (1215). Por eso, regiones como Andalucía, reconquistadas más tarde, no atestiguan ningún caso de qui. Ciertamente, las fechas todas no son de un rigor absoluto, pues no hay que olvidar el arcaísmo de la lengua escrita frente a la hablada... », Morfología histórica del español, Madrid: Gredos, 1983, p. 137.

15  Publiés par Ramón MENÉNDEZ PIDAL, RFE, 1966, Anejo LXXXIV

16 Menéndez Pidal recense cinq exceptions dans les textes de Burgos, dont l'année la plus tardive est 1235, et la plus lointaine, 1211, que voici : « donna Marina, abbatissa qui fo del Monasterio de Villa Mayor » (año 1235, doc. 188); « la otra rueda la qui es en media la casa cerca la rueda que es enfondon» (año 1211, doc. 162). Ainsi que quatre autres, de façon également exceptionnelle,dans le document 33, de l'année 1259, appartenant au Cartulario de Santa María de Aguilar de Campó, ceux-ci taxés de cas de «falsa erudición »: « los olmos qui están en soma la presa... la carrera qui vien de parte de Ryoelista...»

17.     quantum en latin était corrélatif avec tantum : Tantum laborat quantumpotest, «il travaille autant qu'il peut».

18.     « ... Hasta encontrarnos al pie de las canillas, bebiendo en cuanta vasija teníamos a la mano » (Car-pentier, Los pasos perdidos, p. 60, exemple donné par Cécilia HARE (op. cit., p. 104-105) : (v. 428a) « Quanta fontafizieron en el nuestro Sennor ».

19.     Le latin disposait de cinq formes de démonstratif, chacun véhiculant des notions particulières : premier système de trois déictiques hig-iste-ille, où chaque démonstratif était en rapport avec l'une des personnes grammaticales ; par conséquent hig permet d'indiquer ce qui est rapproché, iste, ce qui est dans le champ de la 2e pers., ille, ce qui est éloigné. L'espagnol a hérité ce système intact, même si les formes des démonstratifs espagnols ne sont pas issues des formes latines correspondantes (hiC_iste > este, iste_ipse > ese, ille > *aCCu ille > aquel. Deuxième système : ipse-idem : le premier insiste sur une personne ou une chose, souvent en l'opposant à une autre (Venit ipsa, «elle est venue en personne»); le second exprime l'identité (Lupus et agnus ad eundem rivum venerant, «le loup et l'agneau étaient venus au même ruisseau ». Enfin, is, pronom personnel anaphorique, pouvait annoncer ou rappeler un terme du contexte, notamment un relatif, avec lequel il était en corrélation ou dont il était l'antécédent : Caes. B.G. 1, 13, 2 : «Ii qui erant trans Mosam profecti nondum redierant », « Ceux qui étaient allés au-delà de la Meuse n'étaient pas encore de retour».

20.     « El, la, lo como antecedente del relativo en español», in : R. CANO AGUILAR et M. T. ECHENIQUE ELIZONDO (éd.), Estudios de mofosintaxis histórica del español, Madrid : Gredos, 2000, p. 388-389.

21.     (v. 60a) « Fizoli otra gracia qual nunquafue oida »; (v. 234c) « Finó en su oficio defin qual io que-ria »; (v. 303b) « Murió defin qual dé Dios a tot cristiano ».

22.     (v. 9d) « [Nin tan claro vocero] cuyo canto valiesse con esto un dinero »; (v. 75c-d) « Que por Sancta Maria denno Dios demostrar / de cuya lege quiso con su bocca mamar»; (v. 141c-d) « Ca éstos son los arbores do devemos folgar, / en cuya sombra suelen las aves organar »; (v. 124c) « [el Sennor spirital] de cuya madre fust tú amigo leal»; (v. 445c) « [es esti tal miraclo] (e) por Sant Miguel en cuya voz andamos ».

23.     Paul M. LLOYD (Del latín al español, I. Fonología y morfología históricas de la lengua española, trad. d'Adelino ÁLVAREZ RODRÍGUEZ, Madrid: Gredos, 1993, p. 262), qui cite Theodoro HenriqueJr. MAURER, Gramática do latim vulgar, Río de Janeiro: Livraria académica, 1959,p. 113-115.

24.     Il était également recensé dans la Grammaire de Andrés BELLO, dans ce type de construction, plutôt comme interrogatif ; son attitude est proscriptive : p. 130-131, § 334, 335, 336 : « Cuyo, pronombre adjetivo, que es a un tiempo posesivo y relativo, equivale a de que o de quien, en el sentido de posesión o pertenencia : El árbol cuyo fruto comimos ; a cuya sombra estábamos sentados ; cuyos ramos nos defendían del sol [...]. Hácese interrogativo acentuándose : ¿ Cúyo es aquel hermoso edificio?, ¿Cúyos eran los versos que se recitaron en la clase?» L'auteur signale qu'il s'agit d'une pratique limitée, non pas parce que sa syntaxe soit gênante (motif qui saute aux yeux de l'hispanophone contemporain), mais soit parce que « cuyo debe referirse a personas », soit parce que « sólo tiene cabida en predicados que modifiquen al verbo ser, como en los ejemplos anteriores ». Cette affirmation, même en limitant les usages, pose tout de même deux syntaxes possibles de ce « relativo posesivo cuyo» devenu dans l'analyse de Bello interrogatif grâce à l'accent; ainsi il n'accepte plus *¿ Cúya casa habitas? mais admet cet autre exemple de Cervantes, « Entre la cena le preguntó don Rafael que cúyo hijo era ».

25.     Mais l'antécédent peut aussi être exprimé dans des constructions prépositionnelles : la RAE (1959, § 373, p. 330) dénombre ces deux exemples de la langue classique : « Esta Señora es por cuyas oraciones todo lo que se pide se alcanza del Señor » (ÁVILA, Venida del Espíritu santo, 3); «¿Quiéresle llamar Providencia? Bien dirás, pero es con cuyo consejo se dirige este mundo»(QUE-VEDO, Providencia de Dios).

26.   « A qual dizen Medina » [CMC 2. 879], cité par Ralph PENNY [Gramática histórica del español, édition espagnole de J. I. Pérez Pascual, Barcelona : Ariel, 1993, p. 149) ; « Qualquier mal que avenga, ver quiero lo por que viene » (Amadís I, 98, 655) ; « Me dio una docena de cerbatanas de las con que él tiraba » (Hernán Cortés, Cartas y ralac. 101, 21) ; « Todos los con que vuestra merced ha enviado dineros han sido hombres de verdad» (Sta Teresa, Epistolario, I, 11) ; «Al Calabrés he embiado a Estremoz a hazer púcaros como los en que tenía a_flores» (Felipe II, Cartas a sus hijas, 203) ; «Desta manera me bolví al aldea, con tan diferente coracón del con que auía salido, que yo mesma de mí mesma me marauillaua » (CERVANTES, Galatea, I, 59) [LAPESA, op. cit., p. 396].

27.     Op. cit., p. 391.

28.     « Los en qui él más fiaua eran dos uiles omnes» (Prim. crón. gen., 128a, 10).

29.     (v. 43d) « [Los sus sanctos miraclos], los quales organamos ("cantamos") ennas fiestas caubdales».

30.     (v. 34c-d) « Ella es dicha fonda de David el varón / con la qual confondió algigant tan fellón ("violento") » ; (v. 35d) E [ella es] puerta por la qual entrada atendemos »; (v. 864b) « [la Virgo gloriosa], sin la qual non se faze ninguna buena cosa » ; (v. 194c) « Fueron en fiera cuita en qual nunqua sovieron ».

31.     A. Bello en fait le constat dans sa Grammaire, six siècles plus tard, § 1079 : « Después de con se emplea a menudo que, pero tiene bastante uso el cual (sobre todo en las proposiciones explicativas [...]; "... Las muertes fríamente atroces con que se terminan" (Quintana) ; "Hallé en el paño más de cincuenta escudos en toda suerte de moneda de plata y oro : con los cuales se dobló nuestro contento..." (Cervantes). § 1080 : Después de por, sin tras, es más usado el cual (o si se quiere, el que): "Las razones por las cuales se decidió el ministro"; "Un requisito sin el cual no era posible acceder a la solicitud", "El biombo tras el cual nos ocultábamos". » Les mêmes prépositions suivies de que sont considérées par Bello également grammaticales mais «moins satisfaisantes».

32.   La forme, toujours articulée, el cual, est préférée dans les explicatives. Nous parlons ici des déterminatives. Voici l'explication de A. Bello face au choix entre que, el que et el cual dans sa Grammaire (§ 1078): « Después de las preposiciones a, de, en, en proposiciones especificativas, es mejor que : "El objeto a que aspiraban"; "La materia de que tratamos"; "La embarcación en que navegamos". Pero en las proposiciones explicativas se emplea también frecuentemente el cual, sobre todo si son algo largas o si
cierran el periodo : "Esta escena en que Almanzor se muestra a la princesa como un doncel apenado, se termina
del modo menos verosímil" (M. de la Rosa) ; "Es muy curiosa una súplica [...];
en la cual se pide..." ». C'est seulement à la fin du xxe siècle que les grammairiens font état de la possibilité de choisir, en usage prépositionnel, le relatif « articulé » à côté de la forme que, devant cinq prépositions monosyllabiques (a, con, de, en, por). José María Brucart s'exprime comme suit: « En las relativas oblicuas con que, el español admite en algunos casos la ausencia del artículo determinado entre la preposición y el relativo (El libro con el que / con que me obsequió...). [...] En el resto de los casos, la relativa oblicua con artículo determinado es siempre preferida a la que prescinde de él. [...] Sólo un subconjunto restringido de ellas puede aparecer en las relativas oblicuas sin concurrir con el artículo determinado. Se trata de a, con, de y en (y, en mucha menor medida, de por) [...]. No resulta fácil determinar cuáles son los factores que contribuyen a determinar la lista anterior » (Op. cit., p. 494-495).

33.   Op. cit., p. 393.

34.    Jean COSTE et Agustín REDONDO ne manquent pas de le constater, en exprimant leurs réserves : « Lorsque le relatif a pour antécédent l'un des mots día, vez, noche, tarde, la forme en que est fréquement réduite à que, mais il est préférable d'éviter cette simplification. Ex. : El día que tú naciste / nacieron todas las flores, /y en la pila del bautismo / cantaron los ruiseñores. (Copla). - Hay veces que dos personas hablan un rato y parece que se hayan conocido toda la vida (L. Romero). -También vi el canalillo que había atravesado con Rosa, una tarde que fuimos en barca (C. Martín Gaite) », Syntaxe de l'espagnol moderne, Paris : Cdu & Sedes, 1965 (8e édition).

35.    « El complemento predicativo se uliliza para denominar a los sustantivos, adjetivos o sintagmas preposicionales que se caracterizan por complementar a la vez al verbo y a un sintagma nominal que funciona como sujeto o complemento directo : Juan llegó cansado, Eligieron a mi hermano presidente, Pintaron a la Gioconda con bigote. [...] Es una variante del atributo o del complemento directo », Antonio BENITO MOZAS, Ejercicios de sintaxis. Teoría y práctica (2e édition) Madrid: Edaf, 1995, p. 83.

36.    Il n'y a plus de traces, dans les Milagros, de l'adverbe o, issu du latin ubi en donde»), qui pourtant a existé jusqu'au XIVe siècle (voir Corominas).

37.    (v. 83c-d) «Buscando suso e iuso («arriba y abajo, por todas partes»), atanto andidieron, do iazie enfogado allá lo enfirieron »; (v. 91a) « Escripto es que el omne alli do es fallado ».

38.     (v. 18c-d) « La nuestra romeria estonz la acabamos / quando a paraiso las almas enviamos »; (v. 82a) « Quando vino la hora de matines tocar ».

39.     Cet élément présente, dans les Milagros, l'homonymie produisant des pronoms interro-gatifs indirects : (v. 97a-c) « [Contólis] Qué dizien los diablos e qué Sancta Maria, / como lo quitó ella de su podestadia », adverbes relatifs de manière: (v. 172c) «faga su penitencia como faz peccador », ou conjonction subordonnée causale : (v. 630a-b) « Como fazie grand gasto, [...] /falleció la pecunia ».

40. Ce qui avait déjà été supplanté au xiiie siècle par el que s'il comportait un antécédent exprimé.

41.     *El hombre quien me ha hablado en la calle...

42.     Déjà A. Bello (p. 129, § 329-330) s'exprime à ce sujet en séparant l'époque de Cervantes et Lope de Vega de la contemporaine en soulignant ce que «l'usage du jour autorise». Son commentaire de cet exemple est le suivant : « "Quiérote mostrar las maravillas que este transparente alcázar solapa, de quien soy yo alcaide y guarda mayor perpetuo, porque soy el mismo Montesinos, de quien la cueva toma nombre" (Cervantes). El uso del día autoriza el segundo de estos quien, porque se refiere a persona; pero no el primero, porque le falta esa circunstancia ».

43.     Au nominatif, une occurrence : (v. 115a-b) « Todo omne del mundo fará grand cortesía / qui fiziere servicio a la Virgo María »; (v. 335c) « Buscáronli esposa qual a él convenié». Au datif, une occurrence : (v. 243a) « Vio'l Sancta Agnés a qui tollió el uerto »; (v. 787d) « Fuera ("excepto") Dios, a qual sólo non se encubre nada ».

44.     Ainsi désigné par ALVAR-POTTIER, op. cit., p. 138.

45.     Comme nous l'avons déjà indiqué (voir plus haut), c'est en latin tardif qu'il pouvait se conduire aussi comme adjectif.

46. Op. cit., § 334-336.

 

 

 

 

 
 
 

 

L'état des relatifs dans
les
Milagros de Nuestra Señora, de Berceo

Tableaux synoptiques

 

Mercedes Banegas Saorín

Université Paris X

 

CEHM, nº 27, 2004, p. 355-380.